« C’est alors qu’apparaît Bronfman : Bronfman, le brontosaure ! Monsieur Fortissimo ! » écrit le romancier Philip Roth dans son bestseller La Tâche. Il poursuit son hommage littéraire avec ces mots : « Jamais je n’avais vu quelqu’un s’approcher d’un clavier de cette manière. » Comme beaucoup de mélomanes, Roth est fasciné par la présence physique de ce pianiste, par sa virtuosité, sa spontanéité et sa fine sensibilité de l’interprétation. Né à Tachkent et devenu citoyen américain, Bronfman ne s’intéresse aucunement à faire des grands gestes superficiels, à l’instar de ses maîtres Leon Fleisher et Rudolf Serkin. Au contraire ; il est l’un des rares pianistes de l’élite internationale qui ont fait leur chemin sans participer dans des concours de renommée. En reconnaissance de son excellence artistique, Bronfman a reçu le « Avery Fisher Prize », l’une des récompenses les plus importantes que peut recevoir un musicien américain. « Cinq vies entières ne suffiraient pas pour jouer tout le répertoire qu’il y a encore à découvrir », déclara-t-il une fois. Au sujet de l’un de ses compositeurs préférés, il explique : « Plus nous apprenons à propos de Beethoven, moins nous avons l’impression de le connaître vraiment. Beethoven restera toujours un mystère. » Lors de sa huitième prestation au Festival de Piano de la Ruhr, Bronfman relève une fois de plus le défi beethovénien. Grâce aux capacités techniques sans limites de cet artiste, ainsi qu’à sa capacité de se placer au service de la musique sans ostentation, nous pouvons être sûrs de vivre une soirée fascinante avec Yefim Bronfman.