Élégance, vigueur, passion et intelligence caractérisent le jeu de Jean-Yves Thibaudet ainsi que celui de Nicola Benedetti. Devenu une légende en son temps, le pianiste français et la violoniste écossaise, plus jeune que lui à une génération entière d’écart, sont toujours à la recherche de la pure poésie, tout en appliquant la plus grande précision. Ce duo scintillant nous présente ce soir trois joyaux de musique de chambre. D’une part, la mélodieuse première sonate de Brahms, parsemée de chansons, et dédiée à l’adorée Clara Schumann comme une consolation en temps difficiles : il s’agit d’une œuvre raffinée, mais triste, émouvante et profondément émotionnelle. Sergueï Prokofiev, pour sa part, produisit sa deuxième sonate pour violon et piano sur la base de celle pour flûte et piano, œuvre apparemment pleine d’insouciance malgré l’arrière-plan de la Deuxième Guerre Mondiale : une sonate « dans un style délicat et fluide », comme le nota le compositeur dans son journal. Thibaudet et Benedetti terminent la soirée avec Tzigane de Maurice Ravel, morceau plein de virtuosité au plus haut degré… une rhapsodie à couper le souffle, au coloris hongrois, faisant figurer un chant mélancolique, puis dansante comme un feu vif.