L’improvisation spontanée est devenue la marque de fabrique de la pianiste vénézuélienne Gabriela Montero. Monnaie courante dans le jazz, l’improvisation était également tout à fait habituelle dans les récitals de piano classique jusque dans les années 1930. Lorsque Gabriela Montero a pris la relève dans ce domaine, le monde classique était étonné ; les improvisations libres sont néanmoins devenues le point culminant de ses concerts. En 2021 elle nous rend visite pour la 9e fois ; cette fois-ci, elle mettra en exergue l’une des grandes préoccupations de notre temps : l’immigration, thème qui, en vue de la tragédie de son pays natal, lui tient particulièrement à cœur. Montero joue des œuvres de musiciens qui ont été obligés de quitter leur patrie ; naturellement, elle improvise aussi ! Son matériel de base sera le film muet tragi-comique « The Immigrant » de Charlie Chaplin (1917). Après avoir traversé l’Atlantique, un homme commence à vagabonder, sans le sou, dans les rues de New-York. Plein d’émotions profondes, d’humour et d’ironie, ce chef-d’œuvre du cinéma servira comme terrain idéal pour les idées spontanées de Montero ; faisant jaillir parfois de vraies étincelles de virtuosité, elle plonge également par moments dans la vallée de la mélancolie.