Lors d’une conférence de presse virtuelle le 28 octobre 2020 à Duisburg pour clôturer le Festival de cette année, son Directeur, Franz Xaver Ohnesorg, ainsi que le parrain de l’édition 2020, M. Erich Staake, ont dressé un bilan positif malgré le coronavirus et malgré que le Festival n’ait pu démarrer que le 4 juin à cause du confinement.

En ouvrant cette conférence de presse, M. Erich Staake, parrain du Festival 2020, a expliqué les raisons pour lesquelles son entreprise Duisport s’était engagée comme sponsor principal pour cette année. « Nous voyons notre engagement comme un investissement dans la région du Rhin et de la Ruhr en tant qu’emplacement stratégique. Comme nos partenaires au Cercle d’Initiatives Ruhr, nous voulons rendre cette région plus attractive, ce qui présuppose l’existence d’une offre culturelle de tout premier rang. Cette aspiration est en harmonie avec notre image corporative : chez Duisport, nous mettons l’accent sur la qualité. Tout ce que nous réalisons doit avoir une grande valeur et répondre aux plus hautes exigences. Nous voulons être parmi les meilleurs en gardant une longueur d’avance sur la concurrence. À notre égard, le Festival de Piano de la Ruhr remplit les mêmes critères. Il s’agit d’un évènement où l’on peut admirer des performances de pointe. Nous avons également des points communs en ce qui concerne la gestion de la crise de la Covid. Malgré cette maladie infectieuse, nous constatons au cours des derniers neuf mois au port de Duisburg une opérationnalité de 100% en termes de logistique. Le Festival de Piano, lui aussi, a pu se tenir malgré cette situation exceptionnelle. Franz Xaver Ohnesorg et son équipe ont su rester flexibles. Ils ont reprogrammé des concerts en dernière minute, conçu de nouvelles offres, et ils les ont commercialisées avec succès. La petite équipe du Festival de Piano de la Ruhr a ainsi fait de grands exploits, et nous les en félicitons. » 

Après avoir entendu cet éloge de son équipe de collaborateurs, Franz Xaver Ohnesorg a enchaîné : « Je n’ai pu accepter en bonne conscience l’organisation du Festival en conjonction avec les reprogrammations nécessaires en dernière minute que parce que je pouvais compter sur une équipe hautement performante et hyper-motivée. C’est pour cette raison que je remercie cette année mes collaborateurs en tout premier lieu et ceci, du fond du cœur. Imaginez-vous seulement ce que nous avons dû mettre en place afin de reprendre 31,000 billets déjà vendus et de les rééditer, tout en respectant les nouveaux plans de salle en conformité avec les mesures anti-corona : vous pouvez donc comprendre à quel point mon degré de reconnaissance envers cette équipe de rêve est profond. » Son discours s’est tourné ensuite vers les multiples partenaires du Festival : « Tout naturellement, je veux d’abord remercier tous nos partenaires qui, en cette année difficile, ont vraiment fait leurs preuves. Les salles de concert ont collaboré avec nous afin de développer des concepts hygiéniques de tout premier rang. Notre sponsor général, le Cercle d’Initiatives Ruhr, se maintient à nos côtés avec son soutien depuis trente-deux ans. Duisport, le Port de Duisburg, est revenu en tant que sponsor principal pour la deuxième année consécutive, maintenant en compagnie de son président-directeur général Erich Staake, qui assuma le parrainage du Festival. Tous nos sponsors de concerts individuels nous sont restés fidèles par solidarité ; les fondations partenaires ont également montré leur totale compréhension en vue de la situation. Enfin et surtout, je voudrais rappeler l’importance capitale d’avoir un public fidèle, enthousiaste et discipliné ; de plus, de nombreux mélomanes nous ont généreusement fait don de l’équivalent de la valeur de leurs billets retournés. Je termine en remerciant nos artistes pour leur fidélité et leur engagement lors de ces 53 concerts au cours desquels la musique a pu déployer son pouvoir de manière particulièrement intense. Et je remercie, naturellement, les autorités pour nous avoir fait confiance, certains que nous pourrions réaliser le Festival de Piano de la Ruhr 2020 de manière fiable et responsable.

À l’origine, dans son édition 2020 qui aurait dû avoir lieu du 21 avril au 11 juillet, le Festival devait faire figurer toutes les œuvres pour piano solo écrites par Ludwig van Beethoven, dont nous fêtions le 250e anniversaire. Déjà pendant le confinement, le Festival de Piano de la Ruhr a publié sur sa page web une saison virtuelle pour entendre la musique chez soi, programmation qui a été téléchargée et visionnée 14.500 fois jusqu’à fin mai. En même temps, la direction du Festival a pu sauver la plupart des concerts prévus jusqu’à fin mai en les reprogrammant après les vacances d’été. Après que le Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie ait permis de rouvrir les salles de concert vers la fin du mois de mai, le Festival de Piano de la Ruhr a été parmi les premiers festivals internationaux à reprendre aussitôt sa programmation, dès le début du mois de juin. Une première série de 30 concerts a ainsi eu lieu jusqu’au 10 juillet. Chaque concert était sans entracte, tout en suivant un concept hygiénique très élaboré qui réduisait la capacité des salles à 20-25%, grâce à la solution de faire jouer les artistes deux fois de suite. Le 30 août, le Festival a initié sa deuxième série de concerts, cette fois avec une occupation de salles à 50% en moyenne, permettant ainsi jusqu’à 1.000 assistants à la fois, tout en continuant d’appliquer de manière systématique les mesures de protection hygiénique nécessaires. Une troisième série de douze concerts aurait dû avoir lieu à partir du 24 octobre. Mais elle a du être annulée à cause des taux d’infection exponentiels qui ont suscité des restrictions plus sévères et de nouveaux décrets communaux dans le cadre du règlement national anti-Covid.

Malgré ces restrictions, 15.000 visiteurs enthousiastes ont assisté aux concerts du Festival de Piano de la Ruhr en direct ; parmi les 53 concerts qui ont eu lieu, 38 l’ont été à guichet fermé. Pour 5 concerts parmi les 12 qui auraient dû avoir lieu jusqu’en décembre 2020, tous les billets étaient déjà vendus. En effet, déjà en mars 2020, le Festival avait vendu 31.000 billets d’entrée pour la totalité des concerts prévus en 2020. Dans la mesure du possible, les utilisateurs ont dû les échanger contre de nouveaux billets pour des nouvelles dates tout en respectant les concepts hygiéniques pour chaque salle. Dans d’autres cas, ils ont été remboursés. De nombreux habitués ont néanmoins décidé de faire un don de la valeur de leur billet d’entrée en faveur de la Fondation du Festival de Piano de la Ruhr.

Le Festival de Piano de la Ruhr s’était lancé avec enthousiasme dans l’Année Beethoven 2020 avec deux « extra-concerts » à guichet fermé, donnés par Daniel Barenboïm et par Lang Lang, respectivement. L’ouverture officielle a ensuite eu lieu à Bochum avec Rudolf Buchbinder et sa création allemande des nouvelles Variations Diabelli commandées par le Festival de Piano de la Ruhr en collaboration avec d’autres partenaires européens. D’autres points culminants dans la première série de concerts (juin-juillet) ont été assurés par des artistes proches du Festival, tels Jan Lisiecki, Igor Levit, Olli Mustonen, Sir András Schiff, Elisabeth Leonskaja et Martin Stadtfeld. La deuxième série a été inaugurée avec un récital du célèbre baryton Matthias Goerne avec Jan Lisiecki au piano. Ils ont été suivis par Gerhard Oppitz, Yaara Tal & Andreas Groethuysen, Anne-Sophie Mutter avec Lauma Skride, Víkingur Ólafsson, Ivo Pogorelich, Denis Kozhukhin, Lika Bibileishvili, Janina Fialkowska, Bomsori Kim avec Rafal Blechacz et finalement Pierre-Laurent Aimard. Beaucoup de ces artistes revenaient sur les podiums du Festival du Piano de la Ruhr après plusieurs mois de pause obligée. Un cycle initialement prévu avec toutes les sonates de Beethoven pour piano jouées sur pianoforte a pu être « sauvé », au moins en partie, par Kit Armstrong et Ronald Brautigam en deux soirées chacun. La série « JazzLine » du Festival a fait figurer des concerts avec Till Brönner et son « Piano Friend » Olaf Polziehn, ainsi qu’avec le Dieter Ilg Trio, et enfin avec Chilly Gonzales et son invitée spéciale Olga Scheps.

Une troisième série de douze concerts était prévue à partir du 24 octobre. Mais en vue de la croissance exponentielle de nouvelles infections et l’endurcissement correspondant des restrictions dans l’arrêté Covid-19 du Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie ainsi que des arrêtés municipaux, ces nouveaux concerts ont dû être annulés. Franz Xaver Ohnesorg, directeur du Festival, ajoute : « Douze de nos concerts, donnés par des amis intimes du Festival, tels Maria Joao Pires, Khatia Buniatishvili, Evgeny Kissin, Arcadi Volodos et Gidon Kremer, ont dû bel et bien être annulés : quoique les raisons de ce renoncement soient bien claires et justifiées, la sensation est néanmoins douloureuse, comme si on nous amputait un membre. S’y ajoute le fait de savoir à quel point notre public est déçu, car depuis le mois de juin nos salles de concert avaient fonctionné pour nos mélomanes comme des refuges sûrs et sécurisés, de vrais havres de paix où ceux-ci pouvaient se régénérer en compagnie de leurs âmes sœurs, tout en respectant les concepts hygiéniques développés par nos soins en collaboration avec les salles de concert, et assurant par ce biais des conditions de protection quasi-exemplaires. Comme au Festival de Salzbourg, nous pouvons supposer qu’aucune nouvelle contamination n’ait eu lieu lors de nos concerts, grâce au respect strict des règles hygiéniques et grâce à l’énorme discipline observée par tous les assistants. Après ces privations certainement nécessaires, ces expériences nous aideront à assurer les conditions qui permettront très bientôt à un Festival financé à 100% par des moyens privés, comme le nôtre, à retrouver son public dans les salles de concert de la région du Rhin et de la Ruhr. »